Ce clip récent de Kameto a confirmé mes craintes.
Kameto, streamer et fondateur de la Karmine Corp, réalise un parcours fulgurant sur le marché de l’esport. La Karmine Corp, son club, a su se développer et atteindre des sommets aussi vite grâce à ses résultats, ses équipes, ses staff impliqués mais aussi d’un général en chef surmotivé : Kameto.
Match d’un des rosters ? Il est là en stream.
Décision pour le mercato de l’équipe ? Il est présent.
Rendez-vous avec une collectivité pour avoir son stade, sous nuit blanche ? Il est là.
Le général est toujours là. En parallèle, il poursuit évidemment son activité de streamer avec par exemple récemment sa participation à l’event RP d’Amine.
Entre la gestion de la KC, ses streams, et le maintien d’une communauté active, Kameto vit ses rêves. Pourtant, une ombre plane sur ces succès : sa santé personnelle.
C’est exactement ce point que nous allons développer dans cet article.
Aujourd’hui, l’esport jouit d’une immense médiatisation. Les jeux vidéo trônent au sommet des divertissements mondiaux, leur influence est considérable. Il est donc crucial de promouvoir les bonnes pratiques.
Les équipes d’esport en sont conscientes et intègrent désormais la santé et le bien-être de leurs joueurs dans leur gestion quotidienne. Vitality, par exemple, entoure ses joueurs de professionnels tels que d’anciens athlètes de haut niveau, des nutritionnistes et des médecins, attentifs à leur santé. La Karmine Corp est actuellement en pleine structuration, cherchant à mieux soutenir ses joueurs.
Mais quid de la santé, des CEO ou fondateurs de ces organisations ?
Aujourd’hui, je vais parler d’un sujet ultra important et pourtant si simple : le sommeil. Pour que vous compreniez son importance sachez que :
Des études démontrent qu’une réduction modeste de sommeil, comme dormir six heures par nuit au lieu de sept ou huit heures pendant deux semaines, revient à avoir les mêmes temps de réaction rallongés que quelqu’un qui a un gramme d’alcool par litre de sang, soit un taux d’alcoolémie considéré comme illégal au volant. (Source)
Un autre exemple : Des recherches suédoises révèlent que dormir moins de cinq heures par nuit augmente le risque de mortalité de plus de 62% par rapport à ceux qui dorment plus de sept heures. (Source)
Ces faits soulignent une vérité incontestable : le sommeil est fondamental. Nous minimisons souvent ses effets sur notre santé et notre bien-être.
Dans son ouvrage « Why We Sleep », Matthew Walker nous offre des recommandations précieuses pour améliorer la qualité de notre sommeil, telles que :
- Régularité : Coucher et lever à heures fixes chaque jour pour stabiliser notre horloge interne.
- Obscurité : Minimiser l’exposition à la lumière, particulièrement celle des écrans, avant de dormir pour encourager la production de mélatonine.
- Température : Maintenir la chambre à une température basse favorise un sommeil réparateur.
- Éviter les stimulants : Limiter la consommation de caféine et d’alcool, nuisibles à un sommeil de qualité.
- Routine de relaxation : Instaurer des rituels apaisants avant le coucher, comme lire ou méditer, pour préparer le corps au repos
Mais pourquoi je vous parle de tout ça ? Mon objectif dépasse la simple sensibilisation ; il s’agit de souligner un défi majeur pour les clubs d’esport, en particulier ceux fondés par des influenceurs et créateurs de contenu.
Il est crucial de trouver des moyens pour que ces organisations puissent perdurer, générer des revenus et fonctionner efficacement, même en l’absence de leur figure emblématique.
Ma réflexion vient d’une discussion sur la KC en début d’année 2023 avec un de leur fans où j’expliquais que l’enjeu majeur de la KC était de pouvoir survivre à Kameto.
Il ne faut pas être pessimiste, il ne faut pas alarmer pour rien. Mais les fondateurs et le CEO doivent se demander ce qu’il adviendrait du club si, pour une raison ou une autre, le visage du club venait à être indisponible pendant une longue période, voire disparaissait.
Ce sont des questions qui sont forcément évoquées par les investisseurs car cela est forcément un risque. Ce problème touche tous les clubs, mais est exacerbé dans ceux avec des CEO ayant une forte audience.
En 2023, la KC a réussi à mettre d’autres commentateurs sur des jeux. Les fans semblent s’attacher de plus en plus à l’identité de la marque et de l’équipe. Ils sont d’autant plus nombreux chaque mois.
Malgré ces efforts, à l’occasion d’une compétition TFT, je tombe sur ce clip (début de l’article). Kameto enchaîne LFL, LEC, TFT, Event Koh Lanta RP. Le rythme est infernal.
On comprend la passion des fondateurs de club esport. Mais les fans doivent être conscients qu’il est essentiel pour leur bien personnel et pour le bien de leur club que ces derniers doivent réussir à avoir du temps pour soi afin de pouvoir rester performant sur la durée, tout comme un athlète de haut niveau.
Je pense également à Gotaga qui, devenu père récemment, a sûrement dû réorganiser son emploi du temps pour ce nouveau rôle.
Ces interrogations se posent pour tous les clubs liés à des influenceurs. Avec une valorisation qui atteint désormais des dizaines de millions d’euros et des actifs significatifs (comme un slot LEC), ces entités font face aux mêmes défis que ceux rencontrés par des marques historiquement associées à leurs fondateurs. On peut citer, par exemple, une période durant laquelle on se demandait si Apple allait survivre à Steve Jobs, et la marque a relevé ce défi avec brio. Vitality avait su le faire également à merveille et en douceur lors du départ de Gotaga.
L’achat de part dans une entreprise centrée sur une personnalité influente peut présenter une série de risques spécifiques. Ces risques doivent être évalués et compris en profondeur pour permettre aux investisseurs de prendre des décisions éclairées.
On a vu dans mon premier article sur comment gagne de l’argent un club esport, que la levée de fond est une solution indispensable pour croître rapidement dans le marché de l’esport actuel.
Voici quelques un des risques principaux associés à une entreprise ou dans notre cas à un club esport :
- Risque de dépendance envers le fondateur : La réussite de l’entreprise étant étroitement liée à la popularité et à l’engagement du fondateur-influenceur.
- Risques liés à la réputation : Les entreprises étroitement associées à des personnalités publiques sont vulnérables aux risques de réputation. Les actions, déclarations ou comportements controversés du fondateur peuvent avoir un impact direct sur la perception de la marque par le public. (CF : G2 & Ocelote)
- Risques liés à la gestion du club : Les compétences nécessaires pour gérer une croissance rapide, superviser la production, la logistique, le service client, et les finances sont cruciales. Pour ce risque, la KC s’est très bien staffer pour répondre à tous ces enjeux.
- Risques liés au changement du marché : Rester agile et flexible dans les changements qui peuvent intervenir suite à des variations du marché.
En résumé, l’histoire de la Karmine Corp et d’autres entités similaires illustre un défi omniprésent dans le monde de l’esport et au-delà : la capacité à évoluer et à perdurer au-delà de leurs figures emblématiques. Pour les clubs d’esport, cela signifie non seulement cultiver une marque forte et une communauté engagée mais aussi mettre en place une gouvernance et des opérations qui permettent la continuité et l’innovation, indépendamment de la présence physique de leurs leaders charismatiques. Plus les mois et années passent, plus les clubs créent ou impulsés par des influenceurs s’ancrent dans le paysage esportif et augmentent leur chance de survivre à leurs fondateurs.
La passion et l’engagement personnels des fondateurs tels que Kameto et Gotaga sont inestimables, mais la véritable pérennité est atteinte lorsque ces clubs parviennent à transcender l’individualité pour embrasser une identité collective plus large.
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